11 octobre 2012

Pivoine

Les Pivoines disparaissent chaque hiver pour réapparaître de plus belle chaque printemps.

Fleuriste. Oui, elle voulait être fleuriste. Pourtant, elle ne l'était pas. Pas encore. Elle était là, assise sur le même banc que moi. Assise à attendre. L'attente. Je n'aime pas l'attente, cette attitude passive, inconfortable. L'attente me rend stérile, me fige. Celle de la salle d'attente à l'odeur aseptisée, celle d'une lettre en deux jours ouvrés qui ne vient pas, celle de la cuisson des madeleine, délicate au passage. Celle, surtout, d'un père qui n'arrive pas le samedi, et celle du dimanche soir quand je sais qu'il me rendra. Simple contrat de location. Nous attendions donc depuis bientôt trois ans. Ce que nous attendions n'avait rien d'une carte postale, ni d'un feu qui passe au vert. Quoique. Nous étions bloquées au feu rouge depuis trois ans, ou plus. Oui, nous attendions de traverser. Non. En fait, nous traversions déjà. Nous attendions d'atteindre le trottoir d'en face. En somme, cela n'avait rien d'une attente puisque l'idée de traverser la voie induit celle du mouvement, à la recherche de la nôtre. Et plus nous avancions, plus nous savions. Nous savions qu'il nous faudrait encore un peu de temps. Mais les fleurs prennent le temps de fleurir, les rêves celui d'y croire. Nous y croyons, n'est-ce pas ?
Nous entrons doucement dans l'hiver. Le printemps, ce n'est pas si loin.

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