27 octobre 2012

Madame Bouche Pincée

Je suis dans le sens de la marche. Je préfère. Peut-être ma voisine aurait-elle préféré aussi ? Cela aurait-il participé à la dérider un peu ? Je n'en suis pas si sûre. Je suis impressionnée par les capacités de ses zygomatiques à rester en mode "bouche pincée" même en dormant. Seuls ses soupirs, incessants, bénéficient d'une trêve temporaire. Soupir de voir que quelqu'un s'est assis à sa place, soupir de ne pas trouver de place pour son sac, trop gros, à ses pieds trop grands, soupir pendant sa lecture de Marianne, soupir lorsqu'elle rattrappe, in-extrémis, sa bouteille d'eau glissant de sa tablette, 6 fois au moins avant de se résigner à la ranger dans son sac, en soupirant. Evidemment. Dire que même cette malheureuse bouteille a tenté de prendre la fuite pour ne plus être bue par ses lèvres crispées. En vain. Madame Bouche Pincée ne respire pas, elle soupire. Insoupiration, exsoupiration. Ce doit être fatigant d'être exaspérée de tout. Je heurte son pied trop grand. Elle ouvre un oeil. Son regard aussi avenant que son sourire m'est adressé. Je m'excuse. Sa paupière se referme en même temps qu'elle lâche un énième soupire. J'esquisse un sourire de gloire : j'ai gagné un soupir de Madame Bouche Pincée.

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